L’intégration sociale et professionnelle grâce à la collaboration
La Fondation Wetterbaum encourage les personnes défavorisées à travailler de manière autonome afin de leur permettre d’intégrer le premier marché du travail.
Une odeur de café frais flotte dans l'air. Dans l'atelier karep.ch de la Fondation Wetterbaum, le personnel bricole et visse. Les machines à café déposées ou collectées sont démontées avant d’être réassemblées pour prolonger leur durée de vie. Empli du ronronnement des nombreux appareils, l’espace regorge d’étagères remplies de pièces détachées et de composants d’automates à café. Roger Wäny s’affaire sur une machine en l’examinant d'un œil critique. Il l'assemble à l’aide de pièces de rechange puis la remplit d'eau pour la rincer. Ce cuisinier de formation a travaillé dans l'industrie sidérurgique jusqu'à la suppression de nombreux postes, dont le sien. Avant l’arrivée en fin de droit, cet homme de 57 ans a tout essayé pour retrouver un emploi, en vain. La dernière solution était donc de se rendre au service social. Fier et convaincu qu'il pouvait y arriver par lui-même, cette démarche lui a demandé beaucoup d'efforts.
Depuis 2018, Roger Wäny travaille trois jours par semaine dans l’atelier karep.ch de la Fondation Wetterbaum, où il dévisse et assemble des machines à café. Il estime que ses chances de réintégrer le premier marché du travail sont très faibles. Il espère donc un avenir professionnel au sein de la Fondation Wetterbaum. Il s'y sent utile, entretient des contacts sociaux avec ses collègues et élargit chaque jour son horizon. Il presse les boutons de la machine et déclare : « Heureusement que je n'ai pas d'enfants. Financièrement, je n'aurais pas pu assumer la situation actuelle. » Pendant ses jours de congé, il prend en effet soin de son épouse malade.
Transition vers un emploi de longue durée
Depuis trois ans, l'ancienne usine de Frauenfeld abrite le siège de la Fondation Wetterbaum. Outre l'atelier des machines à café, le bâtiment accueille une boutique de seconde main, une blanchisserie, le service Haus & Umwelt (Maison & Environnement) et la direction. Aujourd’hui, les vêtements destinés à la vente sont lavés et préparés dans les locaux où s’effectuait jadis la mise en conserve des légumes. Les objets et habits sont sélectionnés par le personnel et les responsables de secteur. Fixation des prix, lavage et repassage du linge de la clientèle et vente des articles de seconde main : voilà les tâches d'Andrea Schmid*. La jeune femme de 20 ans n'a pas trouvé d'emploi au terme de son apprentissage de gouvernante AFP. Elle travaille actuellement à la blanchisserie et à la boutique de seconde main de la Fondation Wetterbaum, où elle peut mettre à profit les compétences acquises durant sa formation. Avec la crise du coronavirus, ses chances d'intégrer le premier marché du travail ont diminué, affirme-t-elle. La Fondation Wetterbaum lui offre la possibilité d'appliquer ses connaissances et la prépare à entrer sur le premier marché de l’emploi. Elle s'y plaît et s'y sent bien, même si elle trouve cette situation temporaire difficile. « J’aimerais pouvoir dire que j’y travaille à long terme, pas seulement provisoirement. » Le plus grand rêve d'Andrea Schmid serait de retrouver son indépendance.
Un accompagnement étroit grâce à la solidarité
Christine Kuhn la soutient et l’accompagne sur le chemin de l'indépendance. Elle travaille comme coach professionnelle à la Fondation. Les collaboratrices et collaborateurs la sollicitent dès qu'ils sont prêts à chercher un emploi. Dans son bureau situé au premier étage de l'ancienne usine, elle s’applique à trouver la bonne adéquation entre leur parcours professionnel et les opportunités d’emploi sur le premier marché du travail. Son objectif est d’identifier les ressources et de développer un sentiment d'accomplissement chez les personnes concernées, leur permettant de faire un premier pas en avant. L’objectif est de trouver le poste adéquat avec le bon taux d’activité en vue d’un développement harmonieux et d’une intégration à long terme. « Plusieurs facteurs jouent un rôle dans ce contexte. Par exemple, une personne avec de faibles prédispositions peut avoir beaucoup de chance. Tout d’un coup, une opportunité se concrétise alors qu’elle n’y avait pas pensé au départ. » En tant qu'assistante sociale et « job coach », elle élabore des stratégies de candidature adaptées avec les demandeurs d’emploi et répond à leurs besoins individuels. Chaque candidate et candidat a un passé et un potentiel différents. Cependant, la plupart d’entre eux possèdent une faible estime de soi en raison de longues années de dépendance à l’aide sociale. Il convient de tenir compte de cette circonstance et de lui accorder l’importance qu’elle mérite. Grâce à une approche humaine et à l’instauration d’une relation de confiance, cela fonctionne en général très bien.
La formation revêt une importance capitale
« La majorité des bénéficiaires de l'aide sociale que nous accueillons n'ont pas terminé leurs études. Il est dès lors difficile de prendre pied sur le premier marché du travail », explique Stefan Eggimann, directeur adjoint et cofondateur de la Fondation. Lorsque des personnes ayant achevé leurs études viennent travailler à la Fondation, il est en général évident qu'elles ne tarderont pas à trouver un emploi. Il confie que « cela s’applique cependant à moins d'un tiers d’entre elles ». La Fondation ne propose pas de formations reconnues, mais délivre un certificat attestant des formations internes suivies et des connaissances acquises, ce qui constitue un avantage lors de la recherche d’emploi. Outre les bénéficiaires de l'aide sociale, les bénéficiaires de l'AI, ainsi que les réfugiés et personnes admises à titre provisoire travaillent aussi dans les différents secteurs de la Fondation.
Collaboration avec les services sociaux
Les services sociaux orientent les bénéficiaires de l'aide sociale vers la Fondation Wetterbaum qui leur trouve une place adéquate dans l'un des secteurs internes. Divers modèles d'intégration sociale, de clarification et d'insertion professionnelle sont proposés. Le service social choisit le modèle approprié. Toutes les personnes sont acceptées, à condition qu'une place adéquate soit disponible, car les principes de la charité chrétienne prévalent au sein de l’institution. Le directeur adjoint explique : « Par principe, nous accueillons tout le monde, même les personnes pour lesquelles les autres programmes n'ont pas fonctionné. » Les bénéficiaires de l'aide sociale n'ont souvent pas travaillé depuis des années, ce qui impacte leur estime de soi, précise-t-il. Ce sont justement ces personnes qui doivent réaliser qu’elles peuvent contribuer et faire la différence au sein d'une équipe. Elles découvrent que lorsqu’elles ne sont pas là, cela se répercute sur la qualité du travail et peut susciter un mécontentement chez les clients. »
L’intégration par l’inclusion professionnelle
L’instauration d’une routine de travail quotidienne avec une structure, des responsabilités et obligations est la clé d'une intégration complète. Stefan Eggimann est convaincu « qu’un emploi offre une structure, une routine quotidienne et un environnement propices à l’insertion des collaboratrices et collaborateurs. Nous essayons d’évoluer au plus proche des milieux économiques. Les exigences de la Fondation sont identiques à celles du premier marché du travail. Par ailleurs, chaque membre du personnel assume de plus en plus de responsabilités dans le cadre des tâches qui lui sont confiées. Il est encouragé et conforté dans le fait d’être utile et de posséder les capacités nécessaires. » Les revenus des services proposés, tels que la remise en état des machines à café, la brocante, la blanchisserie et les travaux domestiques et de jardinage, profitent pleinement à l’exécution du mandat de la Fondation Wetterbaum. Par ailleurs, les employées et employés perçoivent des suppléments d'intégration de l'aide sociale pour le travail effectué au sein de l’institution.
fondation Wetterbaum, une entreprise sociale
La Fondation Wetterbaum propose une intégration sociale et professionnelle aux bénéficiaires de l'aide sociale, réfugiés et personnes admises à titre provisoire, ainsi qu'aux personnes bénéficiant d'une mesure d'intégration de l’AI. Les collaboratrices et collaborateurs sont employés dans différents secteurs, préparés et accompagnés pour intégrer le premier marché du travail. L'entreprise sociale offre des emplois proches des milieux économiques dans les domaines suivants : brocante Wyfelde, atelier, service Haus & Umwelt (Maison & Environnement), Kleider & Co. (boutique de seconde main et blanchisserie), ainsi que karep.ch. L'image de l'arbre qui s’étend et pousse toujours plus haut reflète non seulement la philosophie et l’évolution de la Fondation, mais aussi les personnes qui souhaitent intégrer le marché du travail. Le potentiel de développement du personnel et de la Fondation est très important.