Acteurs de leurs vies
En 2018, l’Artias lançait un projet-pilote participatif destiné aux bénéficiaires de longue durée de l’aide sociale. Pendant neuf mois, des bénéficiaires des différents cantons romands se sont réunis pour échanger et aussi pour rêver un peu. Et imaginer collectivement un accompagnement social plus en phase avec leurs besoins. Un nouveau site internet s’est consacré à ces acteurs sous différents formats.
« Quand on a commencé les premières séances avec l’Artias, je me suis senti enfin valorisé, j’avais enfin la possibilité de dire ce que j’avais sur le cœur et de me sentir utile. » Ainsi s’exprime Stéphane Addor, un habitant du Jura-Bernois à l’aide sociale depuis plusieurs années, dans un témoignage-vidéo publié sur « Acteurs de nos vies », un site internet qui retrace l’histoire du projet-pilote participatif lancé par l’Artias en 2018.
Pendant neuf mois, des bénéficiaires de longue durée de l’aide sociale s’étaient en effet réunis pour échanger, partager, remettre en question, proposer. Pour rêver, aussi, et imaginer collectivement un accompagnement social plus en phase avec leurs besoins (voir ZESO 3/21).
En 2021, les résultats du projet étaient publiés par l’Artias, notamment sous la forme d’une synthèse des propositions des participants et d’une évaluation scientifique. Néanmoins, il subsistait une envie de faire connaître plus largement les riches enseignements de cette expérience, par la voix des acteurs directement impliqués. Ainsi est né un site web original, qui donne la parole à travers des vidéos et des audios à des personnes à l’aide sociale, à un membre du comité de pilotage du projet et à une chercheuse.
Au fur et à mesure qu’il déroule l’écran, l’internaute fait la connaisse de Pascal Robert, Stéphane Addor, Stéphane Borges et de * (cette dernière préférant garder l’anonymat), quatre personnes à l’aide sociale qui présentent, chacune de son point de vue, ce que la participation lui a apporté, mais aussi son vécu à l’aide sociale et ses propositions d’amélioration. « Tout ce qui est culturel, ça maintient dans une société, dans un groupe », nous dit par exemple Stéphane Borges. « C’est ce qui manque peut-être le plus, parce que quand on est au social on s’isole, parce qu’on n’a pas l’argent, parce que ça coûte énormément de se maintenir dans la société ».
Le site revient également sur les effets que la participation peut avoir sur des personnes en situation de précarité au niveau de leur identité, de leur vie sociale et de leur santé mentale. « Les participants ont dit que la participation au projet a renforcé leur confiance en elles, que ça a pu diminuer la honte, la culpabilité d’être à l’aide sociale », évoque la chercheuse Sophie Guerry. « Ça leur a redonné un sentiment d’utilité, voire un statut d’être humain à part entière. »
S’exprime aussi Frédéric Richter, membre du comité de pilotage et chef du service de l’action sociale de la Ville de Neuchâtel, pour qui « avoir l’avis des bénéficiaires, des personnes directement concernées, est fondamental. » Pour faire évoluer adéquatement les dispositifs sociaux, les acteurs de la politique sociale doivent en effet mieux intégrer la voix des personnes concernées. Ce site web se veut être un outil à disposition de ceux qui souhaitent avancer dans cette direction.